jeudi 9 juillet 2015

Episode 1



1

 

Le mois de juin s'achève dans une ambiance caniculaire. Peu à peu, les citadins quittent les grandes agglomérations, par vagues, vers leur Arche de Noé côtière, en Bretagne, dans le Sud, la Rochelle, peu importe, du moment qu'il y a de l'eau et des boutiques de souvenirs.
Olivia, assise à son bureau, grimace en songeant à ces bungalows bien alignés dans les campings, tous les mêmes, où s'entassent pour quinze jours, trois semaines, les mêmes types qui se croisent parfois tout le reste de l'année dans les grandes villes. Faire la queue à la Poste, aux cabines d'essayage, pour acheter une baguette, et pendant l'été, faire la queue aux sanitaires du camping... drôles de vacances. Mais peut-être est-ce son besoin de solitude totale qui la rend cynique. Olivia est ce qu'on pourrait appeler une ermite urbaine. La jeune femme travaille de chez elle, surtout pour éviter les relations de bureau. Parfois, aucun son ne passe la barrière de ses lèvres closes, si ce n'est pour répondre à ses clients par téléphone - l'une des pires inventions selon elle.

Pour la troisième fois depuis cinq minutes, elle soupire et s'éponge le front du revers de la main. Il fait très chaud, et la ville, dans une cuvette, semble prisonnière sous une cloche de vapeurs brûlantes. 
Un coup d'oeil au thermostat : il fait 32° rien que dans la pièce.

Une pause s'impose.

Elle se lève et sort du bureau, avant de revenir sur ses pas et de poser son stylo sur la longue table en bois.
La cuisine, baignée de soleil, est lumineuse et étouffante. Comment le frigo peut-il encore contenir quoi que ce soit de frais ? Elle l'ouvre et s'empare d'une grande bouteille de Perrier, qu'elle vide presque d'un trait. Se passant un peu d'eau fraîche sur le visage, elle ne prend pas la peine de s'essuyer et déambule dans l'appartement, mollement. Le salon, d'ordinaire grand ouvert sur un balcon coquet et très fleuri, reste plongé dans l'obscurité. Une technique ancestrale transmise de générations en générations pour essayer de garder un peu de frais. Vaste blague, on crève comme dans un four. Sauf le brave Auguste, gros chat blanc et gras. Lui, étalé de tout son long sur son coussin, ne semble pas gêné outre mesure par la température.
Olivia lui flatte l'encolure, ne récoltant qu'un coup d'oeil jaune à demi ouvert.
"- T'as raison, fait trop chaud pour travailler, souffle-t-elle. Je ferais bien la sieste moi aussi... mais faut bien payer tes croquettes, grosse vache."
Ce disant, elle appuie sa main entre les deux oreilles de l'animal et le caresse vigoureusement. Auguste lui jette un regard assassin avant de rouler et de lui tourner le dos.
Par habitude, elle réajuste l'emplacement des chaises autour de la table carrée au milieu de la pièce. Puis elle traverse le hall, le couloir sombre, et retourne dans son bureau en traînant les pieds. Même la peinture bleu nuit du mur de gauche ne suffit pas à éteindre la forte lumière extérieure. Sur les étagères de la grande bibliothèque, même les livres ont l'air fané. Le plan de travail qui s'étend sur la longueur du mur de droite est recouvert de paperasses en bazar. Olivia devrait rangé. Elle aime que chaque chose ait sa place. Mais le moindre mouvement la rend moite et la canicule assèche les moindres gouttes de sa motivation. Pas de rangement aujourd'hui, et encore moins de ménage. Ca attendra bien le lendemain...
Pour l'heur, elle doit encore finir de traiter ses dossiers du jour, avant de recevoir l'appel d'un client inquiet d'un quelconque retard. 

D'un geste mou de la main, elle chasse un tas de carnets et de papiers qui menaçaient d'ensevelir son ordinateur portable. Une chance d'avoir un si grand plan de travail : c'est toujours pratique de déplacer le foutoir un peu plus loin. Un brouillon d'article s'affiche à l'écran quand elle touche la souris. Il faudra le finir d'ici ce soir. Le top tendance des assurances santé... rien que l'idée de devoir fouiller le web à la recherche de matière pour étoffer son texte lui donne des vapeurs. Mais quand il faut y aller... En guise de récompense, se promet-elle, elle prendra un bain dans une eau fraîche, accompagnée d'une bonne bière. 

Un peu reboostée, Olivia lance Internet.



La suite dans quelques jours... Restez connectés et d'ici là, bon été ! :)

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