mercredi 1 juillet 2015

Chat noir chanceux...

Il fait beau cette semaine-là. Jon Snow dans ses (rares) moments d'optimisme aurait même dit un truc du genre "Spring is coming"...
Forcément, comme à chaque fois que les fleurs s'ouvrent et que les mimosas font sentir leur arôme si particulier, Lillie a chargé sa valise et débarqué dans son Sud natal.

Pour l'occasion, elle est partie avec toute la clique : le chien ET le chat, en train. Pour la petite histoire, il faut savoir que la gentille SNCF fait payer la place aux chiens de plus de 6kilos. Le prix ? Facile : celui d"un billet plein pot, à moitié prix. Pour ce voyage, Lillie a payé 52 euros sa place. Le petit Jeddak, lui, a coûté 35euros ! Tout ça sans avoir le droit, malgré le billet, de se coucher sur le fauteuil. Merci qui ? Merci la SNCF ! (rassurez-vous, l'aventure de Lillie, Gustave et Jeddak en train vous sera comptée tout bientôt !)
Quant à Gustave, le gros et gras chat blanc, il remplit bien sa cage de transport, et sagement, pionce pendant le voyage. Il ronfle même, sûrement satisfait de savoir que quand sa maîtresse devra porter sa cage, elle sera à deux doigts de se fêler une vertèbre sous le poids. Satisfait aussi de partir en vacances, lui qui, normalement, aurait dû rester à la maison.

Bref, le mardi, après 3h de trajet, Lillie et sa bande débarquent à la zonzon. Le mistral la cueille avec un vice non dissimulé : bourrasque après bourrasque, il la décoiffe, la pousse, entrave la valise qui roule mal, agite la cage du chat. Et soulève les oreilles du beagle qui n'apprécie guère la farce et remue dans tous les sens, mâchoires ouvertes. Mordre le vent, tout le monde le sait, c'est comme ça qu'on le fait disparaître...
Le Mistral, ça l'énerve vite, la Lillie. Ca fait du bruit, les affaires s'envolent, ça décoiffe. Mais au moins, il a une utilité non négligeable : il chasse les nuages. Et ce jour-là, il n'y en a pas un seul, faisant du ciel une magnifique toile d'un bleu azur profond et sans défauts.
Elle soupire d'aise en s'installant dans la voiture de la mère. La semaine va être parfaite, elle a hâte de profiter des bois, de l'odeur des plantes sauvages, des embruns dans les calanques. De voir les copines.
Le jeudi midi d'ailleurs, après deux jours à marcher avec son Beagle de combat (comme tout chien de chasse qui se respecte, il a une bouille d'amour et aboie continuellement...), Lillie rejoint sa copinette au resto. Quoi de mieux qu'un bon dej' entre copines pour ponctuer des vacances parfaites ?
Le bistrot est agréable, les desserts aussi jolis que bons. Les conversations vont bon train.


Mais c'est bien la sixième fois que le téléphone de Lillie vibre sans qu'elle y prête attention.
"- Sept appels en absence d'un portable que je ne connais pas, constate-t-elle, surprise, après avoir fini par y jeter un œil. C'est peut-être pour un boulot ?
- Sept fois ? Si c'est ça, ils te veulent pas que pour tes compétences alors !
- Ah ah, morte de rire !... nan, mais je rappellerais plus t...
Et le téléphone résonne. Elle décroche.
- Allo ?
- Bonjour, vous êtes bien Lillie ?
- Oui ?...
- Police !
Lillie blêmit. Sa copine a profité de son appel pour filer au toilettes et rate la chance de voir la mine déconfite de la jeune femme au simple mot POLICE. Les pires scénar' lui traversent l'esprit. L'Homme prend la voiture aujourd'hui même pour la rejoindre. Serait-ce un accident ? Un frisson la parcourt, quand elle souffle un "Oui ?" inquiet.
- Je vous signale que nous intervenons au 1, rue des Collines en Fleurs.
- Hein ???
- Il y eu un incendie.
Tout à coup, elle ne rit plus du tout, et ne s'inquiète plus pour l'Homme. Un quart de seconde, elle fait l'inventaire de tout ce qu'il a dû/pu oublier d'éteindre, lui qui a quitté la maison en dernier.
- Mais ne vous inquiétez pas, c'est seulement chez les voisins du dessous.
Chassons ces vilaines pensées accusatrices contre l'Homme qui, pour une fois, est parfaitement innocent...
- Ah bon? Mais c'est grave ? Il y a eu des blessés ?
- Non, madame. Un appareil électrique qui a brûlé. Mais tout le monde était absent. La dame est juste rentrée chez elle, a constaté la fumée et nous a appelés.
- OOOOOOk !
- Par contre, il y a énormément de fumée. Nous avons besoin de votre autorisation pour entrer chez vous faire des relevés de CO², et vérifier que vous ne craignez rien.
La copine de Lillie revient s'assoir, et découvre sa mine défaite. Lillie lui mine "c'est la police". Son amie lui répond par un "Oh !" de stupeur appuyée, typiquement sudiste.
- Mais je ne suis pas chez moi, s'exclame Lillie. J'ai quitté City mardi et je ne rentre que dimanche ! En plus, personne à City n'a les clés de chez moi.
- Il va quand même falloir qu'on entre !
- Ah mais non ! On a déjà pété une fois la serrure (cocasse incident d'Halloween qui coûtera d'ailleurs la coquette somme de 600euros... mais ceci est une autre histoire...). On ne peut pas laisser comme ça ? Le CO² va disparaître de lui-même d'ici dimanche, non ?
Le policier la met en attente. Les minutes deviennent des heures, et tandis qu'elle entend en fond le grondement du camion de pompier et les voix de basse des types qui discutent, Lillie brosse un portrait rapide de la situation. Au bout d'un moment, le policier reprend la ligne.
- Bon, j'ai vu ça avec le responsable des pompiers. Il dit que s'il n'y a personne chez vous d'ici dimanche, c'est bon, pas besoin d'ouvrir. Par contre, quand vous rentrerez, aérez tout. Il n'y aura plus de danger mais ça risque de sentir encore beaucoup le brûlé.
Lillie hoche la tête machinalement.
- Et les voisins, ils ont besoin d'aide ?
- Ah bah là, madame, ils vont devoir se reloger.
- Ah bon ? C'est à ce point ?
- Tout a brûlé, ou est recouvert de suie. Va falloir tout refaire.
A chaque déclaration, la jeune femme est un peu plus estomaquée.
La conversation s'achève, elle finit par raccrocher. Un petit dijo pour faire passer la nouvelle et les remarques fusent à table. Ce n'est pas tous les jours que la Police vous appelle, après avoir trouvé votre numéro sur le net, pour vous dire que votre maison a bien failli partir en cendres... Les exclamations vont bon train : "Oh mon dieu ! T'imagines, toutes tes chaussures brûlées !", "Oh ! Et ma papeterie, parfaite comme combustible ! Le cau-che-mar !"...

Jusqu'à réaliser, réaliser l'horreur, l'horrible situation qui a FAILLI se dérouler...
GUSTAVE !
Ce con de chat aurait dû être à la maison. S'il est venu dans le Sud, c'est parce que Lillie a fortement insisté :
"- Tu vas pas le prendre ! avait dit l'Homme. Je suis à la maison jusqu'à jeudi.
- Ca fait long tout seul, le pauvre. Au moins, dans le Sud, il va pouvoir un peu chasser !
- Tu vas te trimballer ta valise, le chat ET le chien ?
- Bah, je vois pas où est le problème.
- Tu vas galérer !
- Oui, ben avec ou sans, de toute façon, il va encore m'arriver que des merdes (ndlr : éééévidemment !). Autant le prendre."

Au lieu de jouer les chamallows sur le grill, ce gros putois albinos dort tranquilou bilou sur le canapé...
Si on devait retenir UNE chose de toute cette histoire, c'est que Gustave a eu sacrément chaud aux miches !


Et que Lillie a toujours raison... ahem...






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