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Deux jours pus tard, Olivia est assise sur le bord de son canapé, le regard dans le vague. Machinalement, elle fredonne le générique du dessin animé "Iron Man", qui passe à la télé. Ce qui, songe-t-elle, n'est pas à faire devant d'autres adultes. A trente deux ans, quand on a pas d'enfants, on ne connaît pas les génériques de dessins animés. Elle hausse un sourcil ironique - ben voyons ! D'un geste mécanique, elle touille son thé, dans lequel le sachet infuse depuis trop longtemps.
En portant la tasse à ses lèvres, elle pousse un cri de surprise.
- Ah ! merde !
Flaubert, étalé de toute sa masse blanche sur le carrelage de la même nuance, relève la tête.
- Ben quoi, s'exclame-t-elle, une main devant sa bouche. Tu ne t'es jamais brûlé la langue ?
Le chien la fixe, stoïque.
- Non, bien sûr ! Toi, tu manges des croquettes.
La tasse bascule et se renverse à demi sur la table basse quand elle la pose avec brusquerie. Elle retire son pied juste à temps pour éviter une seconde brûlure.
- Merde, merde et merde ! C'est pas possible d'être truffe comme ça !
De mauvaise humeur depuis qu'elle a émergé d'un énième sommeil agité, la jeune femme bondit de son fauteuil pour chercher une éponge dans la cuisine. Dans la foulée, elle vide le reste de thé dans l'évier, en guise de représailles contre le liquide trop chaud. Sa vengeance assouvie, elle reste un instant les deux mains appuyées sur le rebord en inox, les yeux tournés vers l'extérieur.